Dis ? Comment on fait les auto-tests?

Alors vous voyez ces très simple, dit-elle en débouchant sa bouteille de lait (si vous avez la ref c’est que vous êtes aussi vieux que moi).

Le vilain virus avec ses protéines spikes qui forment sa couronne

L’idée est effectivement très simple et je vais tâcher de vous la décrire de manière illustrée : Le coton tige qui entre dans votre nez permet de récupérer toutes les crottes dans lesquelles se trouveraient empêtré le méchant virus A.K.A. l’antigène. Parce que oui : le test que vous faites en pharmacie et celui que vous faites à la maison sont exactement les mêmes, la différence c’est qu’à la pharmacie on va chercher les crottes plus haut dans le pif… enfin le nez. D’ailleurs le petit « Ag » qui est écrit sur le test signifie… antigène !
Ensuite, ces crottes de nez sont mélangées avec un liquide transparent qui n’a d’autre but que de diluer lesdites crottes de nez.

Vous allez ensuite mettre quelques gouttes de ces crottes diluées sur un morceau de papier filtre. Par capillarité le liquide va être emporté sur une première zone où on trouve des nanoparticules d’or décorées avec des anticorps (les petites sphères rouges avec le « v » violet sur le schéma ci-dessous).


Nanoparticules ça veut dire que ce sont des sphères toutes petites minuscules rikiki. A vue de nez je dirai un peu moins de 100 nm, et non je ne coupe pas les cheveux en 4 mais plutôt en 100 000 pour vous donner une idée d’à quel point c’est petit. Je reviendrai plus tard sur le rôle de ces nanoparticules. Ce qu’il faut savoir est que sur ces nanoparticules, on trouve des anticorps qui sont des molécules capables de « reconnaitre » spécifiquement le virus. Quand je dis « reconnaitre » ce n’est pas une mission confiée à un agent secret, il s’agit, vous l’avez compris, d’affinités chimiques entre les anticorps et certaines protéines à la surface du virus (celle que l’on appelle spike en l’occurrence).  Donc si le virus (le gros carré bleu ci-dessous) est dans la crotte on se retrouve avec un virus sur lequel plein d’anticorps sont collés qui eux-mêmes sont collés à des nanoparticules. S’il n’y a pas de virus, les anti-corps collés aux nanoparticules restent libre comme Max (vous avez la ref ?).

Pendant ce temps, le liquide continue de grimper dans le test et cela laisse des espèces de trainées rouges : CE SONT LES NANOPARTICULES !!! Ce liquide chargé de nanoparticules décorées d’anticorps avec ou sans virus va rencontrer deux zones :

  • la première, notée T pour « test », contient elle aussi des anticorps contre le vilain virus . Si, d’aventure une nanoparticules greffées d’anticorps s’étant accrochés au virus passent par-là, elles seront stoppées net et une bande apparaitra (et non ce n’a rien avoir avec le crime en bande organisée).
  • Sur la seconde zone, notée C pour « clear », il y a là encore des anticorps mais ceux-là sont un peu différents, ils ne reconnaissent pas le virus mais les anticorps greffés sur les nanoparticules (ils sont représentés en vert). Quoi qu’il arrive cette ligne devrait devrait donc apparaitre, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle permet de valider le bon fonctionnement du test.

Voilà ! vous savez tout sur les autotests et autre tests antigéniques pratiqués en pharmacie. Enfin non, vous ne savez pas tout. Parce qu’il reste une question à élucider : pourquoi ces nanoparticules apparaissent roses ou rouge ? Figurez-vous, que l’or à l’échelle nano n’est pas du tout doré il est rose ! Pour le comprendre, il faut se rappeler que la lumière avec laquelle l’autotest est éclairé est en fait multicolore, c’est notre cerveau qui l’interprète comme étant blanche. Vous avez déjà vu un arc en ciel ? Eh bien, toutes ces couleurs sont contenues dans la lumière du soleil. Quand la lumière va venir chatouiller des nanoparticules métalliques, et des nanoparticules d’or en particulier, la lumière bleue-verte est utilisée pour mettre en oscillation les électrons. Il faut imaginer la lumière bleue comme un doigt qui viendrait gratter la corde d’une guitare. Cette oscillation des électrons est appelée un « plasmon » et comme c’est ma spécialité il y a de fortes chances que j’en reparle dans ce blog ! Bref, revenons à nos moutons enfin à nos plasmons. Puisque le bleu-vert est utilisé par la nanoparticule il ne reste plus que les tons rouges-roses dans la lumière. Et c’est elle qui arrive jusqu’à vos yeux !

L’or, quand il est doré c’est qu’il est présent en grande quantité et le plasmon n’est plus excité tout à fait de la même manière. Dans certaines configuration l’or peut aussi apparaitre bleu, mais je vous expliquerai ça une autre fois. Finalement, sachez que cette histoire d’or rouge est vieille comme le travail du verre. L’incorporation de nanoparticules d’or dans le verre est décrite dans un traité du XVIème siècle mais était déjà pratiquée bien avant. Les plus grands verriers l’ont utilisés pour faire de luxueux ouvrages.

Verre rubis de Bohème
Verre Cranberry d’Ecosse

Beaucoup de tests sur papier fonctionne de cette manière, comme les tests de grossesse par exemple qui ne réagisse pas à la présence d’un antigène mais d’une hormone dans l’urine. L’urine étant déjà plein d’eau il n’y a pas besoin de la diluer et il suffit de faire pipi sur le test.

Voilà c’était un post crotte de nez et pipi, j’espère que vous aurez apprécié !